«Maintenant qu'on en est là, qu'est-ce qu'on fait ? comment on rebondit ?» J.-C.M.
Jean-Charles Massera a choisi de soumettre les «sujets de société» à une sorte de forum en direct. Il faut que ça parle, dans toutes les oralités possibles. D'où cette agora qui met en discussion nos espoirs, préjugés et déceptions à l'heure de l'Europe mondialisée. Parmi les débatteurs des deux sexes, on trouvera des nostalgiques, des indécis, des blasés, des technophiles, des beaufs, des ultra-modérés, des super-positifs, des qui essayent de faire avec... Et de quoi causent-ils ? D'abstractions concrètes, autrement dit de grands idéaux ramenés à l'échelle de l'achat d'une cuisine équipée, de la pratique du roller, de la crise financière ou du port du string.
Se poser des questions à plusieurs, tel est le programme minimum de We Are L'Europe. Objectif largement dépassé, puisqu'en les posant l'auteur détourne le modèle de la démocratie participative pour aménager un lieu utopique où l'on pourrait se réfléchir les uns les autres.
Entre 2000 et 2020, entre l'Amérique du Sud et l'Europe, chaque personnage, Lunus, Juan Serafini, Henk, Sofía, Ángel, Hernán et Lucas, en proie à ses démons, emprunte sa voie personnelle. Les uns disparaissent, les autres les recherchent, la crise argentine de 2001 éclate... Chaque protagoniste interagit, de près ou de loin, avec les autres. Au lecteur de rassembler les pièces manquantes de ce puzzle, agencées comme des fractales, ces objets mathématiques qui illustrent si bien «l'effet papillon», ou comment l'inattendu peut se glisser au milieu des phénomènes les mieux ordonnés.
Nouveaux Indiens est une enquête qui change d'objet en cours de route. Sur fond de campagne présidentielle, un anthropologue français venu aux États-Unis étudier la vie de quelques musiciens est conduit à sortir de sa réserve scientifique lorsqu'il met au jour les turpitudes d'une drôle de bande : de jeunes artistes, des intellectuels bien en place, un chirurgien, et une clocharde qui porte au cou de jolies pierres d'ambre. On croisera aussi une violoncelliste un peu magicienne, un vieux bouddhiste irrépressiblement gourmand. Le Nouveau Monde a-t-il tant changé depuis les sauvages de la Renaissance ?
«Dans cet alerte petit bouquin à la nostalgie caustique, Milan Dargent décrit avec un bonheur rock'n'rollesque les émois d'un adolescent des seventies, du premier patin au premier joint. Et termine par la seule question existentielle qui mérite vraiment d'être posée, surtout quand on est fan des Stones : pourquoi diable n'est-on plus en 1976 ?» Philippe Barbot, Télérama
«On se demande encore de nos jours comment un type aussi doué qu'Arthur Rimbaud a pu abandonner la poésie pour se consacrer au commerce, et renoncer ainsi à ses engagements de jeunesse. Ce qu'il faut faire pour comprendre, c'est essayer de nous revoir nous-mêmes, vingt ans plus tôt, et songer à ce que nous sommes désormais devenus. On rigole moins.»
Paris, XIVe siècle. En pleine guerre de Cent Ans, le royaume de France est aux abois. Les Anglais sont aux portes de Paris. Le roi de France, Jean II, est retenu prisonnier à Londres. Un vent de révolte souffle avec violence dans les villes comme dans les campagnes, alors que la population se remet difficilement de la grande peste de 1348. Pendant ce temps, deux papes se querellent et s'excommunient mutuellement entre Rome et Avignon. Pourtant, dans ces circonstances douloureuses, la vie continue. Les arts renaissent, les sciences progressent, la prospérité revient.
Alix Rougemont, jeune clerc mandaté pour le service funéraire de Nicole Oresme, s'aperçoit que le cercueil qu'il transporte au cimetière est vide. Soupçonnant un meurtre couvert par sa hiérarchie, il se lance, seul, dans une enquête qui nous plonge dans un Paris haut en couleur où se côtoient personnages fictifs et historiques. On découvre les fastes du duc de Berry, flamboyant mécène et protecteur des artistes. On croise Charles V au hasard d'un couloir du donjon de Vincennes ou de l'hôtel Saint-Paul. On entend, à la Sorbonne, les brillantes théories de Nicole Oresme, sans doute le plus grand penseur du Moyen Age. On fréquente la délicieuse poétesse Christine de Pizan. On hume les plats du célèbre cuisinier Taillevent, auteur du premier recueil de recettes. On suit les traces de l'intrigant Nicolas Flamel, le libraire soupçonné de pratiques alchimiques.
Un saltarello jubilatoire et truculent qui entraîne le lecteur dans les rues boueuses de Paris à la recherche d'un mystérieux coupable...
L'Iguifou (« Igifu » selon la graphie rwandaise), c'est le ventre insatiable, la faim, qui tenaille les déplacés tutsi de Nyamata en proie à la famine et conduit Colomba aux portes lumineuses de la mort... Mais à Nyamata, il y a aussi la peur qui accompagne les enfants jusque sur les bancs de l'école et qui, bien loin du Rwanda, s'attache encore aux pas de l'exilée comme une ombre maléfique... Kalisa, lui, conduit ses fantômes de vaches dans les prairies du souvenir et des regrets, là où autrefois les bergers poètes célébraient la gloire du généreux mammifère... Or, en ces temps de malheur, il n'y avait pas de plus grand malheur pour une jeune fille tutsi que d'être belle, c'est sa beauté qui vouera Helena à son tragique destin... Après le génocide, ne reste que la quête du deuil impossible, deuil désiré et refusé, car c'est auprès des morts qu'il faut puiser la force de survivre.
L'écriture sereine de Scholastique Mukasonga, empreinte de poésie et d'humour, gravite inlassablement autour de l'indicible, l'astre noir du génocide.
« Sur son lit de souffrances, quelques semaines avant de mourir, maman m'avait mis en garde :
' Qu'est-ce que c'est bête, un homme.
- Je ne comprends pas.
- C'est bête, égoïste et pas fiable. Antoine, promets-moi de ne jamais te comporter comme un homme. '
Je me souviens que j'avais hoché la tête. Encore une promesse que je n'ai pas tenue. Je suis toujours resté à l'affût. Même quand j'étais heureux en ménage, ce qui fut souvent le cas, je continuais à rechercher le très grand amour, celui qui, selon Spinoza, constitue un « accroissement de nous-même '.
C'est exactement la sensation que j'éprouvais en observant la jeune fille aux cheveux d'or. Je m'accroissais. Je m'élevais aussi. »
Ce volume est la suite logique de La Guerre du Goût et d'Éloge de l'infini.
À l'opposé de toute vision apocalyptique, ou de « fin de l'Histoire », ou de fascination pour la Terreur, les écrits réunis ici ont pour unique visée la préparation d'une Renaissance, à laquelle, sauf de très rares exceptions, plus personne ne croit. Cet avenir certain, quoique hautement improbable, a d'ailleurs été affirmé en toute clarté dans un roman récent encore méconnu : Les Voyageurs du Temps.
Quelques missions ponctuelles pour des travaux routiniers d'entretien, mais surtout, une fois par an, à l'arrêt de tranche, les grandes manoeuvres, le raz-de-marée humain. De partout, de toutes les frontières de l'hexagone, et même des pays limitrophes, de Belgique, de Suisse ou d'Espagne, les ouvriers affluent. Comme à rebours de la propagation d'une onde, ils avancent. Par cercles concentriques de diamètre décroissant. Le premier cercle, le deuxième cercle... Le dernier cercle. Derrière les grilles et l'enceinte en béton du bâtiment réacteur, le point P à atteindre, rendu inaccessible pour des raisons de sécurité, dans la pratique un contrat de travail suffit. Ce contrat, Loïc l'a décroché par l'ANPE de Lorient, et je n'ai pas tardé à suivre.
Simon Nardis aime la musique, mais il a vendu son piano et repris son ancien métier.
Il n'est plus pianiste de jazz. Un soir, par hasard, il rate son train, retrouve la musique et rencontre la femme qu'il n'attendait plus. Mais Simon Nardis est déjà marié?
Ce pourrait être une histoire sombre, une histoire de pénombre, mais il y a la mer, il y a cet élan nonchalant du rythme. Il y a ce quelque chose au-delà des morales qui vient du plus profond des personnages.