Une colonie au Brésil

Une colonie au Brésil
Van Langendonck Marie
Ed. Biliki

Marie Van Langendonck, cette petite dame charmante, pétillante et pleine de curiosité pour les choses inconnues d'un monde non blanc, la petite dame intrépide et sereinement casse-cou qui, tout en partant à l'assaut des forêts immenses pleines de serpents venimeux, n'oublie pas un instant la façon adéquate de tenir une tasse de thé quand on est en bonne compagnie, la petite dame belge qui a pris l'heureuse initiative d'écrire ses souvenirs d'aventurière du dimanche dans une langue qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, avec ses tournures gracieuses et ses mots brillants comme des petits ciseaux d'argent, la petite dame que vous allez lire, est en réalité un bon petit soldat.

Le petit soldat tout frais, naïf, presque niais qui combat dans l'armée perpétuelle qu'utilise l'Occident riche dans sa guerre féroce et barbare contre le reste du monde.

Les identités remarquables

Les identités remarquables
Lapaque Sébastien
Ed. Actes Sud

« Tu vas mourir, aujourd'hui, et tu ne le sais pas encore. » Dès la première phrase de cette chronique d'une mort annoncée - dès la première minute de cette journée particulière où se reflète la brièveté de toute existence -, un homme fait à la fois figure de héros et de victime. Et c'est lui, inconscient, égo-tiste et jouisseur, que le roman interpelle et tutoie comme s'il tendait à notre insouciante finitude un miroir. Plaisir de se croire si beau, privilège d'aimer, hélas fort mal, une exquise petite marchande de jouets, délice de convoiter une banquière aux yeux de biche, de se couler dans l'hédonisme d'une vie simplifiée. Mais en secret, une vierge froide et un tueur prédestiné trament le scénario de la vengeance familiale. Sur cette inexorable partition qui emprunte son tempo au roman policier, ses arpèges au catalogue de la consommation courante, ses harmoniques à la liberté de parole et son andante aux mirages des satisfactions éphémères, Sébastien Lapaque chante la vie derrière soi et salue, non sans ironie, le passage du temps.

BW

BW
Salvayre Lydie
Ed. Seuil/Fiction & Cie

Le 15 mai 2008, celui que dans le livre j'appelle BW perd brutalement l'usage de ses yeux.
Dans l'urgence de parler pour tenir tête au désarroi, BW me livre alors tout ce qu'il a gardé secret durant nos années de vie commune : ses fugues, ses frasques, ses trekkings dans l'Himalaya, sa fulgurante carrière de coureur à pied, les souvenirs obsédants d'un Liban déchiré par la guerre, autant d'expériences, autant de détours qui l'ont conduit, il y a trente ans, à travailler dans l'édition.
Car BW est éditeur, et la littérature, sa vie.
Avec une ironie désenchantée, il me parle, le jour, de ses quinze existences passées, de son métier déraisonnablement aimé et de sa décision, mûrie dans le noir, de tirer sa révérence devant des moeurs éditoriales qui lui sont peu à peu devenues étrangères.
Je compose, la nuit, le texte dont il est le centre, avec le sentiment que son geste de quitter ce que d'autres s'acharnent à rejoindre revêt aujourd'hui un sens qu'il faut, à tout prix, soutenir.
Tous deux nous nous sentons poussés comme jamais par une nécessité impérieuse. Pour lui, celle de dire ou de sombrer. Pour moi, celle d'écrire ces mots-là, et aucun autre.
Ce livre, écrit à vif, est le roman de cette traversée. L. S.

 

La Revanche des otaries

La Revanche des otaries
Wackenheim Vincent
Ed. Le Dilettante

Né à Strasbourg en 1959, Vincent Wackenheim habite à Paris près du lion de Denfert. Il déplore de n'avoir pu prendre part au Déluge, et n'a jamais rencontré Noé. Alors il nous révèle leur véritable histoire. Un récit mordant et jubilatoire. Amis des bêtes et des hommes s'abstenir.

'En gros, pour Noé, il y a les animaux qu'on mange, ceux (et surtout celles) qu'on caresse, ceux qui bossent, ceux dont on fait des manteaux ou des pulls, ou des boîtes à gants en galuchat, à la limite ceux qui sont juste jolis, mais les autres, la grande majorité, les moches, ceux qui ne servent à rien, les pas bons, les tout durs, les piquants, ceux qui sentent mauvais, ceux dont le nom est imprononçable, la mygale de Rameshwaram, par exemple (Poecilotheria hanumavilasumica), ou la musaraigne-éléphant (Rhynchocycon udzungwensis), pourquoi diable les embarquer ? [...] Noé, la biodiversité, ça n'était pas son truc.'

U-Boot

U-Boot
Alexis Robert
Ed. José Corti

Seul le commandant du dernier sous-marin lancé par les nazis connaît la mission attribuée à son expédition ; elle tient en une phrase : accorder au troisième Reich les mille ans de règne annoncés par Hitler.
Les visages que prend l'humanité sont mystérieux et c'est eux qui intéressent ici Robert Alexis et par-dessus tout les liens qui unissent l'homme avec la nature.
La lutte que notre espèce a engagée contre l'opacité de la condition humaine, cette 'haine constructive', thème cher à l'auteur, trouvent dans ce récit un nouvel avatar.
Ce qui aurait pu être un 'voyage au coeur des ténèbres' à la Conrad s'avère être une apologie de la libération.

Les veilleurs

Les veilleurs
Message Vincent
Ed. Seuil/Cadre rouge

Oscar Nexus a tué trois personnes dans la rue, puis il s'est endormi sur les cadavres. Nexus est un marginal auquel son emploi de veilleur de nuit n'a donné qu'un ancrage très fragile dans la réalité. Interné dans une clinique, il est pris en charge par Joachim Traumfreund, un médecin atypique et brillant qui a participé dans sa jeunesse aux mouvements de réforme de la psychiatrie. C'est à lui et à Paulus Rilviero, un officier de police, qu'on confie le soin de tirer au clair les mobiles de Nexus et de déterminer s'il est responsable de ses actes.

Afin de se consacrer à ce cas intriguant, Traumfreund transfère le criminel dans une annexe de la clinique, un bâtiment situé dans un coin de montagne que l'hiver isole peu à peu. Une fois sur place, nos deux enquêteurs découvrent que Nexus est un dormeur pathologique qui reprend nuit après nuit le fil du même Grand Rêve. Pour comprendre son crime, Traumfreund et Rilviero vont devoir s'immerger dans cet univers onirique où Nexus mène une véritable vie parallèle. Captivés par les récits du meurtrier, ils sont parfois rattrapés par le doute : comment être sûrs qu'ils n'ont pas affaire à un fabulateur ?

À partir de ce fait divers, Les Veilleurs nous entraîne dans une exploration passionnante des territoires de la folie et du sommeil. Reprenant certains codes des grands thrillers hollywoodiens, l'auteur compose une fresque sur la place de l'imaginaire dans la société moderne, plus rationaliste qu'aucune autre, mais aussi fascinée par les mondes virtuels et les faces nocturnes de la réalité.

 

La légende de nos pères

La légende de nos pères
Chalandon Sorj
Ed. Grasset

« J'ai laissé partir mon père sans écouter ce qu'il avait à me dire, le combattant qu'il avait été, le Résistant, le héros. J'ai tardé à le questionner, à moissonner sa mémoire. Il est mort en inconnu dans son coin de silence. Pour retrouver sa trace, j'ai rencontré Beauzaboc, un vieux soldat de l'ombre, lui aussi. J'ai accepté d'écrire son histoire, sans imaginer qu'elle allait nous précipiter lui et moi en enfer... » S.C.

 

Et si on dansait ?

Et si on dansait ?
Orsenna Erik
Ed. Stock

« Et maintenant ?

Je savais bien que jamais je n'en aurais fini avec la ponctuation. Aussi longtemps que je vivrais, et donc aussi longtemps que j'écrirais, je me battrais avec les signes, je m'acharnerais à bien placer les virgules. Et les points. Et les points-virgules. Sans oublier les tirets, les crochets, les chevrons auxquels je n'avais pas jusqu'ici prêté assez d'attention.

Mais une petite voix me parlait. Elle me venait de tout au fond, là, au milieu du ventre, entre coeur et nombril :

- Toi aussi, tu as une histoire, Jeanne, ton histoire secrète. L'heure est venue de la raconter. »

Après La grammaire est une chanson douce, Les Chevaliers du Subjonctif et La révolte des accents, Jeanne et Tom, les héros d'Erik Orsenna, poursuivent leurs aventures grammaticales.

 

Thriller

Thriller
Gran Iegor
Ed. POL

Voici qu'un certain Norman, professeur d'économie à l'Université de Berkeley, vole le portefeuille d'un clochard. Coup de folie ? Envie de jouer au surhomme ?... Ses proches sont perplexes. Le lecteur, lui, est happé dans un implacable thriller. Il y croisera une femme adultère, un doyen passablement stupide, un journaliste à la déontologie moribonde, une blonde étranglée dans un terrain vague et une rame de métro barbouillée de sang. Le tout est rythmé par la quête utopique d'une équation économique aux pouvoirs immenses, censée mettre fin à toutes les misères du monde.

Le Japon comme ma poche. Un guide pour revenir de tout sans bouger de chez soi

Le Japon comme ma poche. Un guide pour revenir de tout sans bouger de chez soi
Cendrey Jean-Yves
Ed. Arbre vengeur

'Cest brun foncé le Japon, et brûlé sur les bords. C'est un brownie couvert d'entailles et de plis, arrosé d'une louchée de neige griffée par le vent. On en mangerait, c'est sûr. On en mangera sans doute. Mais quand ?' C'est toute la question posée par cet insolent récit de voyage. Car l'appétit d'exotisme du héros, un 'parasite antipathique, désinvolte et ingrat', est au plus bas, et quitter Berlin où il a osé une sédentarité résolue, convaincu qu''on ne fait de découvertes que là où l'on languit' une véritable épreuve. Une lettre l'a pourtant détourné de son projet immobile : elle est signée d'une demi-soeur inconnue, Noriko, qui se prétend la fille d'un infâme géniteur commun, et l'invite à gagner ce bout du monde.
Anti-voyage d'un homme qui refuse de partir, incrédule et navré, pas surpris de son affligeante situation, Le Japon comme ma poche est un guide égotiste d'où fulgurent les saillies d'un attentiste qui décrit avec une drôlerie irrésistible son fourvoiement programmé. Berlin-Tokyo, ou les mésaventures d'un voyageur forcé, frère indifférent à la découverte d'une soeur improbable.

Newsletter