« Absolument charnelle, entièrement psychique, telle est la voix, toujours à la limite du corps et de l'esprit,
de l'intime et du social, du soi et du monde.
À travers les portraits de personnages d'opéra qui me hantent, j'ai voulu m'approcher des mystérieux enchantements de la voix humaine, de sa puissance primordiale, des sentiments d'amour qu'elle porte jusqu'à l'incandescence.
Me voici à présent déroulant sans pudeur le catalogue de mes voluptés lyriques, prenant les lecteurs à témoin.
L'histoire qui commence est notre histoire, notre opéra intérieur. » L.F.
Après L'Homme Freud et Casanova ou l'exercice du bonheur, Lydia Flem nous enchante à nouveau de ses passions.
Laudes-Marie Neigedaoût est abandonnée à sa naissance à la porte d'un couvent (d'où son nom !).
Elle se forgera une vie en participant fortuitement et intentionnellement à celle des autres et aux drames dont elle est le témoin.
Laudes-Marie parcourt la France, enfant, des Pyrénées où elle vit chez la veuve d'un fusillé, parmi d'autres enfants qui attendent leurs parents arrachés par la guerre, à un manoir très peu enchanté où pèsent de lourds et horribles secrets. Devenue adulte, elle sera servante dans divers hôtels, dans un bordel champêtre, dans un bistrot de gare, ensuite, à Paris où elle est chanteuse de rue.
Elle ne cessera de creuser et de fortifier sa solitude qui la ramènera plus paisiblement au village des Pyrénées.
Sylvie Germain nous éblouit par la beauté de ses images, la fulgurance de ses visions et la violence de certaines scènes.
L'auteur que nous aimons depuis Le livre des nuits et Jours de colère pour la magie de son écriture et sa force d'évocation, touche le plus profond de l'homme et de la nature ? par compassion et émerveillement sans doute ?
Marie Gevers nous invite à franchir l'équateur, à remonter de parallèle en parallèle au pays des « vertes collines ».
Nous longeons cette crête qui sépare le bassin du Congo et celui du Nil , nous traversons des forêts de bambous, nous descendons des fleuves encombrés de jacinthes? en chemin, nous apprenons les secrets de la cuisine indigène, écoutons de vieilles légendes, des poèmes, des anecdotes?
C'est en poète et à c?ur ouvert que l'auteur de Madame Orpha ou de La Comtesse des digues voyage dans ces hauts lieux de l'Afrique ; c'est en écrivain sûr de ses moyens qu'elle décrit ce qu'elle voit. Pas d'exotisme forcé, pas d'ethnologie savante, mais tous les prestiges de l'invitation au voyage réalisés avec un bonheur incomparable.
En cette belle journée de printemps, dans la campagne yproise, deux bus roulent vers le domaine de Bellewaerde.
L'un transporte une joyeuse bande d'employés bruxellois ? qu'accompagnent Serge, petit garçon de huit ans, sensible et observateur, et sa pétulante tante Bérénice - ; l'autre emmène un contingent de soldats canadiens ? parmi eux, Pierre, qui rentre au pays après une longue absence.
Là où la fête attend les uns, l'horreur guette les autres : aujourd'hui transformé en parc d'attractions, le domaine de Bellewaerde fut en 1915 l'enjeu de combats parmi les plus meurtriers de la Grande Guerre.
De cet enfer, peu de traces ont subsisté. Et pourtant? Au mépris du temps, à travers les regards croisés de l'homme blessé et de l'enfant curieux va se tisser un subtil réseau de correspondances et d'interrogations mêlant échappées poétiques et réalisme impitoyable.
Dans ce quatrième roman, Xavier Hanotte explore avec virtuosité ses thèmes de prédilection : la douleur du désamour, les blessures et l'impossible oubli, l'éternel retour du passé, mais aussi la force de l'amitié et la fidélité aux serments engagés.
White se lit presque comme un roman d'aventure
au centre duquel évolue un personnage féminin, seule femme à bord d'une expédition maritime pour l'Antarctique. Elle y embarque en qualité responsable des communications par satellite. Dans cette terre de l'extrême, dont Marie Darrieussecq décrit la blancheur dans tous ses états, des fantômes rôdent et hantent l'histoire d'amour qui parvient à se nouer aux confins du monde.
Les noms sont souvent un destin : celui de Mardochée, ainsi baptisé selon le v?u imprudent d'un de ses aïeux
lors de la troisième croisade, le mènera bien loin du duché familial dont il semble un temps promis à reprendre la succession.
Dans le récit haut en couleur de ses apprentissages, où se superpose, à la mélancolie narquoise du narrateur vieillissant, l'ironie tragique de l'histoire, on découvre un XIVe siècle très détaché des conventions du genre historique. Sans doute y voit-on se dérouler aventures de grand chemin, scènes de liesse et complots politiques ; sans doute y croise-t-on, parmi d'autres figures réelles ou inventées, maître Eckhart, Guillaume d'Ockam et Marsile de Padoue. Mais toujours le pittoresque le cède à la fantaisie désinvolte de l'auteur, les truands y sont bons pères de famille, les théologiens athées, les rejetons d'empereur républicains?
Sur fond de heurts et d'échanges entre les trois religions du Livre, dans un Saint-Empire germanique tiraillé entre guelfes et gibelins, Mardochée, humaniste avant l'heure, relate ses errements amoureux, son initiation aux doctrines hétérodoxes, son progressif éveil à un monde violent et inique ; tandis que déjà se profile, avec la grande peste, une première catastrophe de la raison.
Diane Meur est née à Bruxelles. Avec ce premier roman, nourri par son travail de traductrice, notamment des Écrits sur Dante d'Erich Auerbach et du Rabbin de Bacharach de Heinrich Heine, elle nous donne un magnifique roman historique, ample et singulier.
Max, quarante ans, s'occupe d'une librairie de livres rares.
Pour l'heure, il recherche un certain Victor T. dont il ne sait pas grand chose sinon que c'est aujourd'hui un très vieil homme et que, il y a longtemps, il a servi d'interprète occasionnel au grand cinéaste soviétique Serguei Eisenstein. C'est lors d'un voyage aux États-Unis que Max a appris qu'Eisenstein s'était rendu à Seraing dans les années 30 pour y donner une conférence sur le cinéma et le monde nouveau. En bon libraire, Max pose l'hypothèse qu'il existe un manuscrit inconnu ? « la Conférence de Seraing » - et, toujours par hypothèse, que ce manuscrit est entre les mains du traducteur de la conférence. En bon libraire aussi, Max finira par retrouver Victor et le manuscrit?
Dramaturge et auteur de théâtre, Jean-Marie Piemme nous entraîne, avec humour et une sorte de tendresse très personnelle dans une semaine de tribulations et de rencontres inattendues dans Bruxelles.
Simplement splendide, le nouveau roman de Jean-Philippe Toussaint donne comme un immense vertige métaphysique.
Vue de haut pendant la nuit, la terre semble parfois retrouver quelque chose de sa nature d'origine, davantage en accord avec l'état sauvage de l'univers primitif, proche des planètes inhabitées, des comètes et des astres perdus dans l'infini des espaces cosmiques, et c'était cette image que Tokyo donnait d'elle-même à présent derrière la baie vitrée de la piscine, celle d'une ville endormie au c?ur de l'univers, parsemée de lumières mystérieuses, néons et réverbères, enseignes, éclairages des rues et des artères, des ponts, des voies ferrées, autoroutes métropolitaines et réseau d'avenues surélevées enchevêtrées, miroitements des pierreries et bracelets de lumière piquetée, guirlandes et lignes brisées de points lumineux dorés, souvent minuscules, stables ou scintillants, proches et lointains, signaux rouges des balises aériennes qui clignotaient dans la nuit aux sommets des antennes et aux angles des toits. Je regardais l'immense étendue de la ville derrière la baie vitrée, et j'avais le sentiment que c'était la terre elle-même que j'avais sous les yeux, dans sa courbe convexe et sa nudité intemporelle, comme si c'était depuis l'espace que j'étais en train de découvrir ce relief enténébré, et j'eus alors fugitivement conscience de ma présence à la surface de la terre, impression fugace et intuitive qui, dans le douceâtre vertige métaphysique où je vacillais, me fit me représenter concrètement que je me trouvais à l'instant quelque part dans l'univers.