Le dernier des damnés

Le dernier des damnés
Locklin Gerald
Ed. 13e Note

Gerald Locklin (universitaire ex-alcoolique, l'un des rares amis de Bukowski) est inconnu en France et pourtant c'est l'une des figures littéraires les plus importantes de la côte ouest américaine. Ce livre très autobiographique est un concentré de satire sociale.

'Jenny représente pourtant son fantasme sexuel absolu. Telle qu'elle est maintenant, à vingt-cinq ans - mariée, avec un ou deux kilos aux mauvais endroits -, elle reste aussi excitante qu'à dix-sept : un vilain petit canard qui se transforme en cygne, dégingandée, plutôt mal dans sa peau, petits seins, complexée par ses cheveux foncés et bouclés, terrifiée par les hommes.'

 

Le pont invisible

Le pont invisible
Orringer Julie
Ed. L'Olivier

András Lévi, juif d’origine hongroise, a quitté ses parents et ses frères afin de poursuivre ses études d’architecture à Paris. Il se prend rapidement au jeu de la vie parisienne : il se lie d’amitié avec Rosen, Polaner et Ben Yakov puis tombe amoureux de Klára, une femme de neuf ans son aînée. Mais l’euphorie ne dure qu’un temps, car nous sommes en 1937 et l’Europe s’apprête à basculer dans la terreur. Rosen projette d’émigrer en Palestine, Ben Yakov souhaite rejoindre ses parents à Rouen et Polaner intègre la légion étrangère. András doit retourner à Budapest, accompagné de Klára. Tous deux pensent avoir échappé à l’antisémitisme. Mais ce n’est que le début d’un périple marqué par la violence, la souffrance et la peur.

Dans ce texte magistral, Julie Orringer recrée l’Europe des années 40, les destins individuels dévastés par l’irruption de la guerre. Des rues de Paris aux camps de travail ukrainiens, Le Pont invisible reconstitue à travers l’histoire d’une poignée d’exilés le désastre intime et politique du totalitarisme.

En numérique chez Tropismes : Le pont invisible

Ces chers Italiens

Ces chers Italiens
Malaparte Curzio
Ed. Belles lettres

Ces chers Italiens est un livre d'amour, l'un des plus brillants qu'ait jamais écrit Malaparte. La moitié du livre se compose d'essais parus de son vivant dans le Corriere della Sera. La seconde partie traite aussi bien des Italiens à travers l'histoire, l'art, les moeurs, que des Piémontais, des Milanais, Vénitiens, Génois, etc. C'est un tour complet d'Italie qui nous est offert, entraînant le lecteur avec ce brio, cette audace, ces envolées qui ont fait la renommée de Malaparte. C'est là un livre imprévu, direct, vif et hardi, qui doit toucher non seulement les innombrables lecteurs de Malaparte mais aussi ceux qui s'intéressent à l'Italie.

Malaparte projetait d'écrire deux livres sur ses compatriotes. Il a eu le temps d'achever le premier : Ces maudits Toscans (Maledetti Toscani). La mort est venue le surprendre avant qu'il puisse mettre la dernière main à Ces chers Italiens (Benedetti Italiani).

Souriez, vous êtes en Tunisie !

Souriez, vous êtes en Tunisie !
Selmi Habib
Ed. Actes Sud

Après cinq ans d'absence, Taoufik revient à Tunis pour y passer ses vacances chez son frère cadet. Il est d'emblée frappé par le comportement de sa belle-soeur, Yousra, qui à présent porte le voile et refuse de l'embrasser mais ne cache pas son engouement pour tous les produits venant d'Europe, y compris les sous-vêtements les plus affriolants. Son frère lui-même se rend régulièrement à la mosquée et y entraîne son fils chaque vendredi, lui inculquant la haine des « infidèles ». Ce qui ne l'empêche pas de fréquenter une prostituée ni de dénoncer à la police sa belle voisine, Naïma, qui a elle aussi pris le voile, après son divorce, pour mieux dissimuler une liaison amoureuse. Quant à Leïla, la soeur de Yousra, pourtant bien intégrée avec son mari dans le secteur « moderne » de la société, elle n'hésite pas à coucher avec Taoufik dans l'espoir d'aller vivre avec lui en France, loin de la souriante Tunisie où, comme tant de jeunes gens, elle se sent étouffer...

Dans ce roman prémonitoire publié avant la révolution de décembre 2010 et nominé pour l'International Prize for Arabic Fiction, Habib Selmi dénonce la duplicité et l'hypocrisie générées en Tunisie tant par le despotisme faussement moderniste de Ben Ali que par l'omniprésence de la religion dans la vie quotidienne.

Les choses comme je les vois

Les choses comme je les vois
Farooki Roopa
Ed. Gaïa

Asif, Lila et Yasmine sont frère et sœurs. Lila a fui la maison, contraignant Asif à s’occuper de Yasmine, qui n’a pas idée du ressentiment qu’elle cause. Qui voit la musique en couleurs et se rappelle si bien de tant de choses que parfois sa tête lui fait mal. Qui n’est pas heureuse, et sait qu’elle est spéciale. Un jour, une équipe de télévision vient réaliser un reportage sur le syndrome d’Asperger et la vie de Yasmine. Un roman à trois voix doux-amer et touchant.

En numérique chez Tropismes : Les choses comme je les vois

Proses, vol. 2. 1923-1935

Proses, vol. 2. 1923-1935
Pessoa Fernando
Ed. Différence

Proses II

Ces « Proses » de Fernando Pessoa qui rassemblent tous les textes publiés de son vivant, ont paru à La Différence en 1988. Epuisé depuis une dizaine d'années, cet ouvrage revoit le jour, en deux volumes, augmenté de nouveaux textes que les chercheurs ont découverts entre-temps. Un des intérêts de cette édition est de mesurer l'ampleur et la diversité des publications que Pessoa fit de son vivant. La légende de la malle remplie d'inédits posthumes a occulté d'aspect de l'écrivain publiant dans le différentes revues de son temps et participant, au premier plan, au débat intellectuel.

Proses, vol. 1. 1912-1922

Proses, vol. 1. 1912-1922
Pessoa Fernando
Ed. Différence

Proses I

Ces « Proses » de Fernando Pessoa qui rassemblent tous les textes publiés de son vivant, ont paru à La Différence en 1988. Épuisé depuis une dizaines d'années, cet ouvrage revoit le jour, en deux volumes, augmenté de nouveaux textes que les chercheurs on découverts entre-temps. Un des intérêts de cette édition est de mesurer l'ampleur et la diversité des publications que Pessoa fit de son vivant. La légende de la malle remplie d'inédits posthumes a occulté l'aspect de l'écrivain publiant dans les différentes revues de son temps et participant, au premier plan, au débat intellectuel.

Le projet Fanon

Le projet Fanon
Wideman John Edgar
Ed. Gallimard

Le projet Fanon a poursuivi John Edgar Wideman des années durant : après avoir lu Les damnés de la terre, l'écrivain américain n'a eu de cesse de vouloir ressembler à son auteur, l'intellectuel et psychiatre martiniquais, et démarrer une révolution, qui contribuerait à libérer le monde du fléau du racisme. Forcé de constater son impuissance, il a entrepris de faire revivre cette figure de la lutte contre l'oppression sous la forme d'un texte très personnel, dans lequel il imagine un écrivain, Thomas, sorte de double fictionnel de Wideman, qui tente d'écrire sur Fanon, dans une Amérique d'après le 11 Septembre où la peur de l'autre n'a pas faibli.

Ce personnage reçoit un jour un colis étrange, qui contient une tête coupée, et il plonge alors dans une enquête fiévreuse sur l'identité de l'individu qui s'est présenté à lui sous cette forme macabre comme pour lui rappeler que l'écrivain ne peut échapper à la violence du monde et qu'il lui revient d'en rendre compte. Mais comment Thomas peut-il procéder sans tomber dans les approximations de la fiction et se laisser emporter par la flamme de l'idéologie ? Avec une intelligence pleine de mordant, Wideman encourage et vilipende sa créature romanesque, lui offrant la matière de sa propre existence - son enfance dans le ghetto de Pittsburgh, les relations complexes qu'il entretient avec son frère mis au ban de la société, le courage d'une mère qui aurait aimé rencontrer Fanon - afin qu'il puisse nourrir sa fiction, et utiliser au mieux les pouvoirs de l'écriture pour décrire le monde d'aujourd'hui et ses démons.

Portraits

Portraits
Kosztolanyi Dezsö
Ed. La Baconnière

À la fin des années 1920, au sommet de sa gloire, Dezsö Kosztolányi eut l'idée d'endosser les humbles habits d'un enquêteur pour croquer sur le vif les représentants, le plus souvent anonymes, des métiers les plus divers. Trente-cinq de ces entretiens, de la sage-femme au fossoyeur, sont présents dans ce recueil.

Ces Portraits brossent en quelques échanges enjoués une personnalité ; les questions y sont toujours pertinentes, souvent surprenantes, et fouillent dans la vie, les anecdotes, les pensées d'une femme de ménage légère et rieuse, d'un éboueur bourru ou encore d'un imprimeur consciencieux. Capable d'apartés hilarants, Kosztolányi donne à lire, à travers l'ironie, la tendresse et l'empathie pour les êtres simples qui caractérisent son art, une étude de moeurs vive et fascinante. On y retrouve son amour de la littérature, ses réflexions sur le métier d'écrivain et sa vive attention au langage alliant la clarté française au sens très aigu des ressources de la langue hongroise.

Mais ces Portraits permettent surtout à Kosztolányi de se demander ce que signifie pour ses semblables l'existence elle-même. Son propos lui est suggéré par sa conviction originale que la vie est un miracle pour lequel on se doit de lutter. La façon qu'ont le barbier, la choriste, le photographe ou le diplomate, et bien sûr l'écrivain, de vivre ce miracle, sont des réponses à la question : la vie vaut-elle d'être vécue ?

De cette brillante confession inédite en français, que l'on peut considérer comme une trouvaille hors pair du point de vue du genre, on s'en délectera à plus d'un titre.

Fire & Sage. De sauge et de feu

Fire & Sage. De sauge et de feu
Clark Moe
Ed. Maelström/Compact

Le Spoken Word de Moe Clark, artiste métis canadienne, est un chant fier qui exhume les cendres des âmes errantes, donnant voix aux syllabes muettes des victimes des génocides amérindiens. Un chant qui expose des faits brutaux dans des rythmes qui dégèlent notre mémoire, qu’« il nous faut coudre et recoudre ensemble/ lambeau par lambeau/ nom par nom/ voix par voix ».
Qu’elle évoque Frida Kahlo ou rende un hommage vibrant au célèbre « Howl » d’Allen Ginsberg, qu’elle décrive l’état de déréliction d’une femme Autochtone ou conte le vol des terres par les colons, elle est toujours tapie derrière des murs invisibles d’où surgissent des cimetières naturels, des rondes guerrières, des prières rituelles, des alchimies étranges de renaissance. Elle est là et profère ce qu’elle est en poésie : « Je suis votre homonyme », être infini qui invite aux voyages intérieurs et transgénérationnels, oiseau éternel qui convie à advenir ensemble dans une relation présente aux esprits des ancêtres.
Œuvre de guérison, une voix puissante est là qui s’élève et elle est celle, essentielle, des grands territoires mythiques du Nord canadien.

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